De Corpore de Charley Case. De l’animation des lignes de soin.

Par Athane Adrahane

De corpore

Il y a comme cela des expositions qui vous suivent, vous avez beau leur intimer de rester dans le passé afin de tranquillement vaquer à vos occupations du présent, elles insistent. Il en est ainsi de De Corpore de Charley Case. C’est comme si le lieu où elle incrusta décor avait gardé nos empruntes ou plutôt qu’elle nous avait empruntés le temps de faire de nos corps tant l’accueil des cris des pestiférés que l’accueil de ces gestes qui soignent, et ce afin que les exilés du monde ne s’oublient pas. C’est que ce lieu est celui d’un ancien couvent où les Soeurs Noires offrirent hospitalité aux êtres touchés par la peste qui sévit à Mons en 1515 et dont certaines iront jusqu’à accompagner les souffrants aux pays des morts. Ainsi nous renseignent quelques écriteaux et l’aimable guide qui disparait ensuite pour nous laisser entre les mains et bouches piaillantes d’enfants dits « anthropophages ». La tonalité est donc donnée, ainsi incorporés dans la poétique de l’enfance nous acceptons en Continue reading

Falar antes de falar. Abordagem polifônica das situações ecológicas. Par Vanessa kohner.

Dans la revue ClimaCom Cultura Científica. Lire l’article ici.

RESUMÉ: Par cette communication, il s’agit d’ exposer quelques gestuelles de pensée extraites d’une recherche en philosophie inscrite dans une perspective écosophique où dialoguent l’écosystème du soi et celui des alentours. Cette recherche porte sur «ce» qu’il y a à «travailler» dans les conditions de désastres écologiques annoncés ou déjà en cours. Comment prendre en «conte» ce qui nous arrive? C’est-à-dire, non seulement comment prendre en considération la diversité et la singularité des problèmes environnementaux, mais aussi comment raconter ce que suscite en nous la catastrophe écologique: nos ressources, nos passions, nos blessures, nos responsabilités?  L’art du récit permet d’accompagner la subjectivité dans ce travail de perception de la diversité des voix mobilisées par les questions écologiques, mais aussi de donner à sentir la façon dont ces voix (voix du coeur, de la raison, de la peur, voix animales, végétales, minérales…) s’enchevêtrent et entrent ou non en relation. En activant la dimension polyphonique de la conscience, la mise en récit permet aussi l’écriture de nouvelles partitions d’existence où nos gestes se rendraient plus attentifs aux mouvements de ces autres êtres qui peuplent la planète et participeraient de la composition d’ un monde commun en grande santé.

Ouverture de www.athaneadrahane.be

 

Chers amis d’Anomal Tribu,

Blue spirit

Suivez Blue Spirit ! Il vous montrera le chemin de mon site de photographies.

www.athaneadrahane.be

Musiciens des rocailles, acrobates des hautes herbes, activateurs de souffles, passeurs de joies et d’étrangetés sont de la danse des ombres et des lumières! J’espère qu’ils feront vibrer votre regard…

C’est aussi le lieu où si vous le souhaitez vous pouvez soutenir mon travail artistique et ma recherche en philosophie par l’acquisition d’un tirage photographique (numéroté et signé) ou en vous procurant mon livre « La conscience magique » dans son édition originale.

Une belle randonnée à vous !

Athane

Ollin, spectacle éco-cosmico.

Par Athane Adrahane

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                                                                                ©Athane Adrahane 

Pour le solstice d’été, la compagnie Achtli nous invita à participer à « un spectacle du nouveau cycle » où s’articulent écologie de l’imaginaire, écologie urbaine et sociale. Après digestion et maturation, voici l’expérience transformée en quelques mots. Le « nouveau » de ce style de spectacle tient dans l’épanouissement d’une conscience écologique, c’est-à-dire d’une conscience non-séparée où s’efforcent de communiquer la matière et l’esprit, l’homme et ses environnements. Ainsi se tinrent co-présents reliefs et architectures Bruxelloises, forces de la terre du Mexique, habitants du quartier des marolles, danse de la Terre-Mère, potager urbain, artisans du vermicompost, théâtre des rues, musique, marionnette, clown, messager des quartiers durables mais aussi dimensions du visible et de l’invisible, de la vie et de la mort, réflexions humoristiques Continue reading

La constellation des anges de Patshiva à La Marlagne.

Par Athane Adrahane

 

patshiva le chaos des anges © guillaume sens deterre1

     © Guillaume Sens Deterre

Le 5 avril 2013, au centre culturel la Marlagne à Wépion, avec le spectacle « Là où règne le chaos des anges » de Patshiva Cie, on assista enfin aux premiers battements d’ailes du printemps : floraison de voix, jaillissement de joie, éclosion de corps en fêtes, éruption de vocalises aux accents tendrement sauvages, rivières d’émotions profondes, bouffées d’amours solaires à même nos sens engourdis par les dernières glaces de l’hivers. Ce choeur d’une trentaine de personnes, à travers chants polyphoniques et danses traditionnelles, rituelles,contemporaines (Balkans, afro-cubains, haïtien,géorgiens, hongrois, maori, liturgie juive,…) dirigé par Dounia Depoorter et chorégraphié par Fatou Traoré, en alliant la diversité des souffles dans un battement commun parvint avec beauté et subtilité à basculer le tempo grisaillant du quotidien en un temps coloré de magie et de fête où purent, dans un espace consacré, se métamorphoser en toute liberté les coeurs et les âmes. Continue reading

Pierre Verstraeten: une pensée-vie

par Véronique Bergen
 Analyse critique d'un traité de philosophie. P. Verstraeten

 

Saveur des vagues qui ne retombent pas.

Elles rejettent la mer dans son passé.

-René Char

Pour Pierre Verstraeten

Les portes de la philosophie qui ouvrent sur le grand large, la torsade de l’impensé en pensable, l’infini à portée de la main, le ptyx de la pensée qui se relance dès que touché, chaque cours expérimenté comme un événement qui se tient à hauteur de son intensité, sans plus de différé entre sa promesse et son acte…

Dans les amphithéâtres s’est expérimentée la philosophie en acte – le devenir-vie de la philosophie et le devenir-philosophie de la vie. En toile de fond de cette pensée se pensant, selon le work in progress de concepts poussés aux limites d’eux-mêmes, la construction d’une alliance entre la dialectique hégéliano-sartrienne et le vitalisme deleuzien se donnait à voir. Afin d’acter et de consolider les noces de ces deux massifs que la doxa philosophique pose comme antagonistes, il s’agissait de déployer la haute voltige d’une pensée sans filet, d’une pensée acrobate, à fleur d’invention perpétuelle, qui ne cesse de traquer la fossilisation, les clichés qu’elle sécrète comme son ombre. D’année en année, Pierre Verstraeten a joué l’oubli fécond contre la capitalisation des acquis et dynamité le sédimenté, le dépôt de ses propres créations pour reprendre une question à nouveaux frais, sous un autre prisme. Continue reading

Marcel Moreau, tambourinaire des abysses

Pour Marcel

L’écrivain Marcel Moreau fait des pulsions, des forces telluriques qui habitent  nos profondeurs, des « instincts éclairés». Cette métamorphose des fonds de corps s’opère par la puissance du langage chargée de doter d’un sens lumineux et créateur les sens obscurs de l’homme.  Incessantes solifluxions du corps verbal dans le corps charnel, du corps charnel dans le corps verbal. Tout ce qui loge dans la profondeur des corps se voit fécondé par la « puissance du langage », la « femme des abysses ». Le rythme d’une écriture ainsi alliée au corps, insuffle de tels mouvements à la pensée, qu’il propulse vers le haut, dans un jaillissement d’art, les gisements indansés de l’âme. Par la force des roulements du verbe, par son rythme généreux en sécrétions incandescentes, les coulées de corps ne dégénèrent pas en épaves sordides, mais écrivent au fil d’un amour-océan les lignes d’un continent-livre que fouettent de vivacité les respirations mêlées du sens et du non-sens, de l’esprit et de la matière. Les mots habités, creusés, caressés, fécondés, réanimés par la fougue du corps verbal, ouvrent l’être à des paysages de steppe dont les libres chevauchées mettent en échec les rétrécissements auxquels nous conditionne la pensée dominante dont le langage stéréotypé nous initie toujours plus à la chorégraphie du robot. Le corps se dote alors d’une autre santé car l’auscultation par la langue-torche sait faire jaillir des cavités interdites un dire de l’antre désormais guérisseur des destructions irrémédiables qui s’effectuent dans l’organisme. Les mots-râles, les mots à Continue reading

Entretien avec Véronique Bergen autour de Requiem pour le roi. Mémoire de Louis II de Bavière

Par Athane Adrahane (2011)

                  Véronique-Bergen-2011                    
©Athane Adrahane
                                                                                                                             
Véronique,

   Je viens de terminer « Requiem pour le roi ».
   Je voudrais t’écrire depuis ce point où tourbillonnent les âges, les sexes et les règnes, où s’étreignent les astres, les fleurs et les lacs.
   Je voudrais t’écrire depuis ce point où existe le mouvement d’aller retour incessant entre esprit et  matière, nature et pensée, noûs et phusis.
   En toute immanence.
   Je voudrais t’écrire depuis ce foyer de solitude, ce royaume de l’enfance où le pouvoir de l’imaginaire sait résister à la réal politique des adultes.
   Depuis le point que ton livre allume, je ne peux en cette nuit t’esquisser que quelques sentiments en éclair…

Saisie magnétiquement  par le devenir que tu extrais de l’histoire de ce roi sculpté dans une solitude de haute altitude. Sa délitescence. Son déchirement, dans le sens des strates qui bâtirent son être. Son effeuillage, par où sa flore s’expose au charme lunaire, à son cortège d’ombre favorisant d’autres enfantements. Et ce, que le magnétisme soit de cime ou d’abîme, porteur de marée de peur ou de ruissellement d’extase. Continue reading

“Just Kids” de Patti Smith. Les ailes de la création.

 Par Athane Adrahane (2011)

Just kids Patti Smith

 

« Nous promenions la nuit. Parfois nous apercevions Venus au dessus de nos tête. C’était l’étoile du berger et l’étoile de l’amour. Robert l’appelait notre étoile bleue » Just Kids, Patti Smith.


Le photographe Robert Mapplethorpe meurt du sida en 1989, Patti Smith avant sa mort lui promet de conter leur histoire qui débuta vingt ans plus tôt. Rares sont les livres écrits devant la mort, là où le corps verbal gage son sang vital. « Just kids » est ce livre graphé en encre stellaire d’où rayonnent les aventures de cet univers bleu peint de concert par les deux kids de New York rêvant d’une existence d’art. « Indéfinissable dévotion » de ces deux kids l’un pour l’autre par delà la mort. Indestructible liaison à même la morsure de la vie, par delà les rumeurs du reste du monde. Indéfinissable âmour faisant bégayer les clichés que l’on plaque sur autrui pour réduire l’intensité du mystère et rassurer ceux dont l’inédit angoisse par manque de prise. Patti Smith et Robert Mapplethorpe inventent une autre catégorie relationnelle. Ils nous content un mode d’être ensemble qui ne rentre en aucun statut codifié. Par delà couple et amant, mari et femme, ils se font âmes-soeurs dans la création, chacun prenant soin de l’âme de l’autre, de la part de l’invisible, de son daîmon, de son divin. L’un et l’autre aimantés par l’art de faire croître en l’autre cet ange de la création qui ne demande qu’à oser l’envol dans les terres du visible. Aimer : se faire alors l’aile qui prend soin du désir de l’autre, c’est-à-dire de l’agencement qui installera une terre viable pour la prise en charge des blessures inhérentes à tout chemin de vie. Dans « Just Kids », Patti Smith déploie concrètement son chant en Continue reading