Athane Adrahane: Greenwitch, merci de me recevoir dans ton antre. Tu peins, écris, confectionnes des bijoux, customises des dolls, ce qui implique la création de vêtements, de maquillages, de tatouages, de photographies où tu les mets en scènes…Ton univers est magiquement peuplé, fourmillant de mystère et d’authenticité. Loin d’un esthétisme lisse de vitrine où seraient exposés de simples objets sans âme, les créatures qui habitent ton monde vivent, voir survivent. De cette vie, à même le monde d’aujourd’hui, d’hier et de demain, ces personnages en portent les cicatrices, les pires cauchemars, les séquelles d’on ne sait quelle explosion nucléaire mais aussi les rêves d’ arbres ou de rivières. Cette âme qui à ton contact éclot, ces petites créatures la cultivent en cherchant le langage de leurs instincts, de leurs viscères, en se questionnant philosophiquement, poétiquement. Si quelques fois, elles se tiennent sur le fil de l’abîme, au bord du précipice, à proximité de la corde, c’est aussi, par delà les grillages, à proximité d’horizon solaire où fleurissent le courage et l’espoir de la création d’un autre monde, qu’elles se tiennent. Tu dis dans un de tes textes « créer, crier », pour toi, c’est ça créer: un lâcher de souffle en partance des tripes, une lutte pour que ne s’éteigne la lumière de l’enfance, le feu du jeu, où se déploie la multiplicité du «moi», la palette des émois: solitude, rage, tristesse, émerveillement d’être en vie, de renifler l’automne, de cueillir une pomme ? C’est en tout cas ce que m’évoque ton travail…
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Entretien avec Véronique Bergen autour de Requiem pour le roi. Mémoire de Louis II de Bavière
Par Athane Adrahane (2011)
Véronique,
Je viens de terminer « Requiem pour le roi ».
Je voudrais t’écrire depuis ce point où tourbillonnent les âges, les sexes et les règnes, où s’étreignent les astres, les fleurs et les lacs.
Je voudrais t’écrire depuis ce point où existe le mouvement d’aller retour incessant entre esprit et matière, nature et pensée, noûs et phusis.
En toute immanence.
Je voudrais t’écrire depuis ce foyer de solitude, ce royaume de l’enfance où le pouvoir de l’imaginaire sait résister à la réal politique des adultes.
Depuis le point que ton livre allume, je ne peux en cette nuit t’esquisser que quelques sentiments en éclair…
Saisie magnétiquement par le devenir que tu extrais de l’histoire de ce roi sculpté dans une solitude de haute altitude. Sa délitescence. Son déchirement, dans le sens des strates qui bâtirent son être. Son effeuillage, par où sa flore s’expose au charme lunaire, à son cortège d’ombre favorisant d’autres enfantements. Et ce, que le magnétisme soit de cime ou d’abîme, porteur de marée de peur ou de ruissellement d’extase. Continue reading