Par Athane Adrahane
© Guillaume Sens Deterre
Le 5 avril 2013, au centre culturel la Marlagne à Wépion, avec le spectacle « Là où règne le chaos des anges » de Patshiva Cie, on assista enfin aux premiers battements d’ailes du printemps : floraison de voix, jaillissement de joie, éclosion de corps en fêtes, éruption de vocalises aux accents tendrement sauvages, rivières d’émotions profondes, bouffées d’amours solaires à même nos sens engourdis par les dernières glaces de l’hivers. Ce choeur d’une trentaine de personnes, à travers chants polyphoniques et danses traditionnelles, rituelles,contemporaines (Balkans, afro-cubains, haïtien,géorgiens, hongrois, maori, liturgie juive,…) dirigé par Dounia Depoorter et chorégraphié par Fatou Traoré, en alliant la diversité des souffles dans un battement commun parvint avec beauté et subtilité à basculer le tempo grisaillant du quotidien en un temps coloré de magie et de fête où purent, dans un espace consacré, se métamorphoser en toute liberté les coeurs et les âmes.
Parmi les multiples souffles que nous communique le voyage de ces anges à travers les âges, les peuples, les continents et les diverses épreuves de la vie que sont le deuil d’un être aimé, les séismes de l’amour, les naissances et les alliances de tout ordre (lune, petit soleil brûlant), l’importance de l’empathie, de la solidarité, des présences d’âmes bienveillantes lors des passages d’un monde à l’autre, sont de ceux qui nous aident à mieux respirer.
© Guillaume Sens Deterre
À voir rayonner les corps, l’art du chant tel qu’il est, ici, transmis, participe de cette (ré)conciliation des multiples régions affectives qu’abritent nos terres intérieures et d’une possible communion avec le sanctuaire des autres. Correspondances, convergences, échos, dissonances, écarts, fusions des gestuelles sonores forgent alors des accords inouïs où s’intensifie l’art d’exister.
© Guillaume Sens Deterre
Là devient visible une polyphonie des êtres où cohabite la complexité des différentes harmonies et où chaque singularité à son corps à dire. Et, ô comme ces grandes chevauchées de meutes ailées où respect, écoute, accompagnement des mutuels accouchements de soi font voyager dans des paysages d’une autre vastitude que ceux tristes et étriqués où se voient célébré la compétitivité et l’égoïsme. Il est donc ici un cri du coeur: oui, de ces chaudes et généreuses contrées, nous avons plus que jamais besoin!
© Guillaume Sens Deterre
Aussi, ici, semble s’inventer un autre sacré, où une attention est portée aux précieux mystères de ces savoirs des sens, aux multiples récits de vies qui traversent les langages du corps. Et si cela fait quelquefois danser dans tout les sens, se lève, aussi, une autre cohérence. De ce sacré, en effet, le chaos créateur ne se voit pas conjuré mais assumé, exploré par une chorégraphie et une mise en scène, qui, à la grâce d’une fête qui rend forces et puissances, fait de l’ itinerrance partagée, un souffle qui rassemble.
© Guillaume Sens Deterre
À la jonction des diverses cultures, du chaos et du cosmos, du ciel et de la terre, du visible et de l’invisible s’enfante ce touchant peuple de femmes tantôt fleurs, tantôt sauvages, tantôt tziganes, tantôt maoris, tantôt occidentales, tantôt fortes, tantôt fragiles, où chacune avec son histoire, son style, son rythme, sa voix, ses passions, ses racines, travaille à faire « terre » en belle santé.
© Guillaume Sens Deterre
Alors, à la faveur de ces vents qui colportent le chant des femmes d’un champ à l’autre, se produit un envol commun à même le coeur du spectateur invité à lui aussi rentré dans ce cercle aux frontières toujours mouvantes qui, de danses en notes, de folies en sagesses, de chagrins en rires, acte pour un foyer où il fait bon faire escale. De ce spectacle, on en ressort le sourire au coeur, la paix au ventre, gorgé de cet ineffable présent d’être en vie aux côtés d’autres vies, ivre du parfum de cette constellation d’ange à même de diffuser durablement un souffle essentiel dans nos gestes quotidiens.
Site officiel: www. patshiva-cie.com
Bonjour,
Je viens de regarder votre très époustouflant spectacle. Je reste muette…tant je vis encore des émotions inouïes…je vivais de tout mon corps en symbiose avec vous…je ressens encore bcp de joies, votre riche spectacle est prenant, poignant…
J’aimerais tellement que vous veniez au théâtre ou au MILLESIUM d’Epernay, près de Reims…mon Coeur serait aux Anges…
Chaleureusement
Annick
Bonjour Annick,
Je me permets de te répondre, voilà je suis l’homme-nuage que tu as peut-être entr’aperçu au milieu de la foule de femmes. Je ne suis plus dans le projet, en tous cas, pour l’instant. Mais si ton offre est sérieuse et si Dounia est d’accord, et Fatou, je veux bien commencer à organiser cette future date, d’un point vue pratique.
Bien à vous,
Olivier Jost