Par Athane Adrahane
Salut ! Çà va ? Vous avez deux minutes?
Non? Pas le temps? Pas de souci …
Bonjour chez nous !
Dans les rues, il y avait le démon du temps,
ce temps qui échappe à tous comme un vent
qui t’emporte si tu ne t’ancres pas
qui te rend plus fort si tu en conjures le mauvais sort.
Pour emploi et sourire garder, j’appris à me centrer.
Oui, comme cela : mon corps au nord, mon cœur au sud.
Ma conscience en passeur. Mon pas sœur de celles dont on viole les rêves.
Mon pas frère de ceux dont on accapare les terres.
Mon adhésion au sol, au solidaire comme étoile polaire.
D’un sourire, arrêter le temps ?
Tu y crois, toi ?
D’un solaire « bonjour » stopper le cours des corps chronométrés pour parler humanité, pauvreté, HIV, ONG, faim dans le monde, violence faite aux femmes, sécurité sociale, TTIP, changement climatique, souveraineté alimentaire, Syrie, paysans sans terre, migrant, évasion fiscale, don, dictature des multinationales …
D’un bon jour transmuer la mal nuit des travailleuses du Bangladesh, des petits sidéens Mauriciens, le tout entre les transes des liquidations et la distribution gratuite de coca cola pour que déshydratation des foules n’entrave pas le rituel des achats …
Dans la rue Neuve,
chanter la Terre Ancienne
pour que vibrations d’amour fasse retour …
Tu y crois, toi ?
Dans les rues,
oui,
figure-toi,
il arriva que l’on change le cours du temps,
que danse le cœur des gens.
Un sourire décoché droit dans la tête qui pleure,
une douceur dans le regard qui se meurt,
un levé de conscience à la tombée du sens,
un vent de folie qui jolifie la vie.
hello, holà
salamalikoum, shalom
osiyo
Mon corps
à fleur de foule
par delà le ventre qui trouille.
À 900 bonjours à l’heure
se crachent bien des peurs.
Le monde en toi
toi dans le monde
un combat de plein droit
Bonjour Maman Kangourou,
Bonjour Cheveux Rouge,
Bonjour Maître du Monde
Bonjour Tatouage de Foudre,
Bonjour toi, oui toi !
Toi, derrière ton écran
toi qui es à cran
toi qui me vois
mais ne t’arrêtes pas
je voudrais te parler de Virginia
de son climat, de son trépas
hello toi !
toi qui m’insultes, toi qui m’adules
toi qui m’auras redonné joie dans le monde
toi qui auras pacifié mes ombres
toi, mon ami sénégalais
toi, ma sœur togolaise
Hello, holà,
good morgen
ni hao,
ciao les gens
Je sais, j’entends …
Pas le temps, pas le temps, pas le temps
Et il court et il court et il court
l’homo sapiens surmené, horlogifié
il ne lui reste que peu de temps pour les baskets à -30 %
il ne lui reste que peu de temps pour regagner les minutes d’une vie qui en vaille la peine
il ne lui reste que peu de temps pour redresser mon cœur
et me montrer que la beauté est là
en chaque être, à chaque pas
que tout dépend de l’amour
que j’envoie
ce sera mon mantra
où que je sois.
Entre doute et militance,
entre chute et espérance.
mettre à l’épreuve la complaisance.
Toi qu’on espérait dominer les auditoires
pas philosophe des trottoirs
Entre le dédain des uns et l’admiration des autres
Entre fissuration de ma forteresse et répression de mes faiblesses
là où les famines me minent
là où les jeux des riches m’ont foutue en friche
Entre Athane et Vanessa
Entre ta thèse et l’anti-thèse
Sous la drache, les mains gelées,
tu te craches et tu te sens exister
32 degrés et des milliers d’heures de béton dans les pieds
l’insolation te guette, mais n’aura pas raison des insonorisations
les leurs, la tienne
6 degrés et des milliers de corps dans tes archives oculaires
Ath, Bruxelles, Namur, Charleroi
Tubize, Tournai, Mons, Liège
L’ivresse des vitesses des villes
Le vertige des visages qui défilent
les sans dents
les sans droits
les enfants du Sida
qui dirigent tes pas
mais la saturation des tendons
mais les insomnies à répétition
des milliers d’humiliés à tes côtés
leurs cris dans l’oreiller
mais l’inscription d’un savoir vital
de celui qui se conquiert au bord des larmes
là où le vivant sonne l’alarme.
À mes lumineux et courageux collègues.
À nos longues journées, les meilleures comme les pires.
Aux soleils que furent ces inconnus, amis d’un sourire.
À ceux qui luttent partout où le monde chute.
Et puis à la vie, généreuse qui, infatigable, nous recrute.
Photo: Athane Adrahane
Merci pour ce texte qui m’a rappelé plein de souvenirs 🙂
J’espère que tout roule pour toi.
Oui merci l’ami, ça danse bien! Oui, que de bons souvenirs aux côtés de ta bonne humeur du levé au couché de la journée! Abrazo!